Il parle, il parle et dit des mots de-ci de-là … des mots hachés, des mots blessés et martelés … Ceux qui ont entendu, disent qu’il parle de maison et de jardin… de maison qu’il n’habite plus et de jardin qu’il ne cultive pas non plus…
Il tourne et vire et il marmonne et il s’arrête et il s’étonne que tu sois là et que tu passes, que tu t’arrêtes et le regardes … il te sourit et te regarde et il te parle… enfin te dit en un seul jet, en une seule fois : « Tu t’en vas ? » … « Tu vas où ? » … « Tu vas faire quoi ? » … « Tu reviens quand ? » … et puis un sourire illumine son visage et il s’en va, n’attendant pas que tu répondes à ses questions stéréotypées et convenues, si toute fois il y a réponse…
Il s’en retourne et tourne, vire et se répète ses mots secrets, un peu salés au coin des lèvres poudre de lait… des mots d’amour abandonnés dans un mouchoir de fil blanc, un peu froissés, un peu défaits, un peu fripés et chiffonnés dans ce carré de coton blanc bien repassé… et bien plié dans une poche où plus rien n’entre… pas même une bille ou un caillou, ou un soleil papier bonbon… un bout de ficelle pour lacer les sentiments…
Il marche, les mains derrière le dos et se récite une litanie… celle de Satan qui sait ? peut-être… peut-être oui… peut-être non… Il se méfie et reste loin des plus malins, des plus rusés, qui guettent l’instant où il laissera choir ses émotions…
Il va, il vient … et se souvient et se panique… et nerveusement se gratte le front, se frotte les mains, dans un rictus claque la langue, se pince la joue … puis, son visage se ternit, ses yeux s’éteignent, il ferme sa porte et par une archère fortuite jette son venin… non pour agresser mais pour se protéger du malin… de celui qui veut tout savoir, veut tout entendre et tout comprendre pour en tirer un diagnostic et le parer d’une étiquette… d’une pathologie au nom savant, au nom ardu… il lui prescrira des petits bonbons non sucrés, aux couleurs multiples… des petits cachous et quelques gouttes d’une eau sans vie qui le tasseront, le ceintureront … lui briseront l’âme… l’épuiseront… lui aspireront d’un coup... d’un seul, tout le cerveau… pour en faire un être vide, sans consistance…et sans vie...
Ô Satan, prends pitié de sa longue misère !
(Encre de Chine lavis brun et gouache / Henri Michaux)
Satan n'est pas forcément celui qu'on s'attend
RépondreSupprimerExcellent ce texte
Agréable jour Cres
Merci je te passe le lien d'un de ses blogs :))
SupprimerIl se cache dans le bon comme le mauvais...
http://reveusedemots.blogspot.com/
Bonne fin d'année !!!
Oh ! oui, ici, ce texte fut écrit il y a plus de 9 ans pour un homme qui s'appelait Noël... merci de l'avoir remis au jour ce jour d'hui ... merci aussi d'en avoir mis la source.
RépondreSupprimerBien à vous et belle journée.
Je me suis sentie touché par ce texte du coup je le partage avec toi et tout le monde...
SupprimerMerci de vous abreuvé chez moi :)))
ici les litanies
RépondreSupprimerdiaboliquement intéressant....
SupprimerMeric ;))
:)))
RépondreSupprimerBelle journée !!!
Je suis en chartreuse mais pas de neige, je voulais me faire tatoué mais j'avais peur de temps, il fait 10 degré et pas un nuage.... comme quoi le réchauffement climatique n'aie pas un mythe...
SupprimerA Bientôt mon amie :))
Ah toi aussi tu es en vacances ! je passe, vite fait, je reviens dans une petite semaine.
RépondreSupprimerPrends bien soin de toi, Cres, et toi aussi Miche.
A l'année prochaine !
Merci et bon repas et repos ;)))
SupprimerAllez hop passe de bonne fête Biz !!!